Premier adieu


Les étoiles s’avancent tristement
au ciel nu
les vents demandent avec détresse,
pourquoi je suis si calme.

Et la fenêtre déverse
l’éclat de la pleine lune,
ô rayons chéris, apaisez
mon cœur et sa peine !

je ne sais si je dois rire, plaisanter,
ou pleurer ici –
mes yeux sont emplis de douleur
mais aussi d’ironie amère.

Et mes mains passent
ici et là presque en tremblant,
et mes pensées s’élargissent
à l’infini comme une mer.

J’ai entendu tinter les cloches
brièvement vers minuit.
Cela veut dire à présent pour moi
qu’on a fait une tombe.

On a enterré une année,
le nouvel an s’annonce.
On a enterré mon cœur,
et nul ne s’est enquis de moi.

Erster Abschied


Die Sterne schreiten traurig
am kahlen Himmel hin,
die Winde fragen schaurig,
was ich so stille bin.

Und durch das Fenster quillet
der volle Mondenschein,
o liebe Strahlen, stillet
mein Herz und seine Pein!

Weiß nicht, ob lachen, scherzen,
ob weinen ich hier soll –
mein Aug’ ist voller Schmerzen,
auch bitt’ren Hohnes voll.

Und meine Hände gleiten
fast zitternd hin und her,
und die Gedanken breiten
sich endlos wie ein Meer.

Ich hört’ die Glocken läuten
vor kurzem in Mitternacht.
Auch jetzt will mich’s bedeuten,
daß man ein Grab gemacht.

Ein Jahr hat man begraben,
Neujahr ist vor der Tür.
Man hat mein Herz begraben,
und niemand fragt nach mir.


Friedrich Nietzsche (1844-1900)




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