Prologue


Robes noires, bas de soie,
Blanches manchettes polies,
Doux parler, embrassades –
Ah ! S’ils avaient seulement un cœur !

Un cœur dans la poitrine, et l’amour,
Le chaud amour dans le cœur –
Ah ! ils me tuent à chansonner
Mensongèrement sur les peines d’amour.

Je veux monter sur les montagnes,
Où sont construites de pieuses huttes,
Où la poitrine librement se dégage,
Et où souffle la libre brise.

Je veux monter sur les montagnes,
Où s’élèvent les sombres sapins,
Bruissent les ruisseaux, chantent les oiseaux,
Et se pourchassent les fiers nuages.

Adieu, vous, plats amphithéâtres,
Plats messieurs, plates dames,
Je veux monter sur les montagnes
Et riant vous regarder d’en haut.

Prolog


Schwarze Röcke, seidne Strümpfe,
Weiße, höfliche Manschetten,
Sanfte Reden, Embrassieren -
Ach, wenn sie nur Herzen hätten!

Herzen in der Brust, und Liebe,
Warme Liebe in dem Herzen -
Ach, mich tötet ihr Gesinge
Von erlognen Liebesschmerzen.

Auf die Berge will ich steigen,
Wo die frommen Hütten stehen,
Wo die Brust sich frei erschließet,
Und die freien Lüfte wehen.

Auf die Berge will ich steigen,
Wo die dunklen Tannen ragen,
Bäche rauschen, Vögel singen,
Und die stolzen Wolken jagen.

Lebet wohl, ihr glatten Säle!
Glatte Herren, glatte Frauen!
Auf die Berge will ich steigen,
Lachend auf euch niederschauen.


Henri Heine (1797-1856)




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