Depuis le jour que mon ame fut prise



Depuis le jour que mon ame fut prise
Par tes doux feuz traitrement gratieux,
Un seul doux trait jusqu'ici de tes yeux
N'avoyt ta grace a mon ardeur promise :

Elle aujourdhuy, par longue usance aprise
De se nourrir en travaux soucieux,
M'a quitté presque au goust delitieux
D'un GermainNouveau bien, dont ton oeil l'a surprise.

ô gaye oeillade, oeillade qui vrayment
As effacé tout cela de tourment,
Que j'enduroys depuis ta seur ainée.

Un an entier avoyt langui mon cueur,
Puiss'il languir en la mesme langueur,
Moy, t'essayer encor une autre année.


Jean-Antoine de Baïf (1532-1589)



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